Propos recueillis par Bruce TRINGALE
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Notre pays a souvent survécu à la honte : celle de son incurie envers la chose rock et encore plus pour celui commis par ses concitoyens. Igor et Emanuel sont-ils nés du mauvais côté du binaire ? Car si ce quatrième album était sorti outre-manche une pluie dithyrambique se serait abattue sur ces musiciens aguerris qui savent convoquer pour un album époustouflant les échos d’Alice Cooper, Iggy, Bowie, les Sisters of Mercy ou encore les Stranglers.
Il ne sera pas dit que chez PLAYBOY, entre gens de goût, nous passions à côté d’un disque qui a enthousiasmé son public lors d’un Showcase archi-comble en juin dernier chez Gibert.
Nous sommes IATHL, acronyme de Igor And The Hippie Land, un groupe de rock Franco-Britanique. Igor Stanislas et Emanuel McManus tous les 2 compositeurs, accompagné de l’auteure Anglaise Claire Gristwood.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
(Igor Stanislas) Et bien c’est une longue histoire, d’ un autre siècle ! Nous étions au lycée ensemble avec Manu et à cette époque nous fréquentions un copain en commun. A la fin de notre scolarité on a commencé a se voir, sortir et puis l’idée de faire de la musique ensemble s’est vite présentée et puis le rêve de former un groupe de rock ; partir vivre à Londres c’était notre objectif ! et nous l‘avons fait…
Tout d’abord vous n’avez pas choisi la facilité avec votre nom. Que signifie IATHL ?
(Igor) I.A.T.H.L c ‘est l ‘acronyme de Igor And The Hippie Land, on peut au premier abord penser que nous sommes des babas cool faisant de la prog’ mais loin de là, un vrai paradoxe n ‘est ce pas ? A mon sens c‘est un reflet de miroir peu flatteur de la condition humaine, un peu à la Lewis Caroll. La clairvoyance face à l‘utopie. Nous n ‘avons jamais été naïf à ce sujet, et nos sujets ont toujours été ciblés sur la condition humaine et l ‘état désastreux que nous laissons à notre planète, cependant avec toujours de l ‘espoir…
Le Peace and love est à mon sens un pure fantasme et notre époque nous l’envoie en plein gueule… Notre musique n ‘a pas de frontières et nos influences le rappellent… tellement éclectiques, finalement rester dans un style musical c ‘est plutôt ennuyeux, l ‘exploration reste notre moteur.
Objectif de ce 4ème album ?
(Igor) Faire un album n ‘a pas d’objectif à proprement parler, c’est un instant figé puis qui passe, une atmosphère, des sons une ambiance, des textes, c’est un moment unique avec ces phases créatives passant de l’écriture à la production. Avec un mastering efficace dans les studios de Jack White (Third Man Records) par Bill Skibbe.
(Emanuel McManus) Que les gens à l’écoute de notre album prennent du plaisir ça c’est le premier truc , que cela leur donne envie de venir nous voir jouer live et aussi (re)découvrir nos 3 albums précédents.
(Igor) Il faut dire que cet album reste très particulier, car nous étions tous dans une torpeur je dirai même « tord peur » dans cette incertitude avec ce confinement où le temps s’était figé. Personnellement je n’en ai pas souffert et cela a stimulé ma créativité. Le temps est un luxe pour un artiste et cela nous a permis Manu et moi de composer chacun de notre coté, des titres écrits en grande partie à la guitare sèche et au piano.
Les arrangements symphoniques et électro sont venus plus tard. Nous avons produit cet album. Notre manière de composer reste assez simple et finalement classique et sans artifices, des accords de guitares, une rythmique, une mélodie. Ensuite nous avons envoyés les démos à Claire Gristwood notre amie et auteure Britannique qui a posé ces mots son talent, avons discuté de l ‘orientation des titres avec une envie d ‘être davantage urbain…
Chaque titre a son propre son, sa propre identité.
(Emanuel McManus) Oui tu as entièrement raison, cela vient du fait que nous composons tout les deux avec Igor, ensuite nous faisons en sorte que chaque morceaux aient sa personnalité propre en apportant des idées nouvelles c’est un travail d’équipe.
(Igor) Le choix final est toujours validé tous les 3. Une quinzaine de titres ont été enregistrés, mais finalement avons gardé 11 titres pour que notre album ne soit pas trop long. Les titres sont différents en effet mais les arrangements les unis avec ces intro et ambiances sonores électro et cinématographiques. Je pense que cela vient de la production assez moderne un peu à la Tony Visconti…
On compare souvent la voix d’Igor à celle de Bowie…
(Igor) C’est drôle parce que nous n’avons pas du tout pensé a David Bowie que nous adorons bien sûr, mais plutôt Iggy Pop. Cela dit en vieillissant je deviens un crooner, qui finira peut être à Las Vegas…
(Emanuel McManus) c’est tout simplement le flow et la sonorité naturelle du chant d’Igor
Sur Psycho Magnet, J’ai souvent pensé au baryton d’Andrew Eldritch. Evil Blues contient de jolies influences post-punk notamment.
(Igor) Oui ce titre est génial très envoutant, les paroles sont fascinantes et plutôt terrifiantes, car on dit Psycho Magnet de quelqu’un qui attire que des gens bizarres, psychopathes voire dangereux surtout pour les femmes. Evil Blues avec cette rythmique de guitare bien grasse, ma voix un peu cassée a ce coté un peu western moderne, du rock quoi !
(Emanuel McManus) Nous aimons beaucoup de groupes de cette époque post punk et d’ailleurs nous avons vécu la seconde période des 80’s à Londres ceci expliquant cela.
Psycho Magnet encore est un titre très riche avec ses guitares à la Alice Cooper 1ère période, ses synthés mélancoliques façon Stranglers ! Que de bon goût !
(Emanuel McManus) Je ne suis pas étonné que tu décèles ces artistes. Alice Cooper est une influence majeure pour moi surtout la période du groupe ! Et Stranglers nous adorons bien sûr, JJ Burnel est un héros du mouvement punk post punk britannique. Les claviers d’Igor y sont pour beaucoup dans ce titre.
(Igor) Ces artistes sont tellement géniaux, l’inconscient parle mais on a jamais voulu copier qui que ce soit. C’est au final, à l’écoute quand tout est posé que toutes nos influences ressurgissent par ci par là , et il y a un public pour toutes ces références…
In My Mind commence comme un titre de Swell avant de se terminer sur un solo de guitare très inspiré. C’est rare pour un groupe de pop indie.
(Igor) Pop indie je ne sais pas… plutôt rock indie, ce titre est particulier car ce sont 2 compositions de l‘un et l‘autre réunis pour ce titre, c’est assez rare c’est notre Day in the life. Ce solo vient de la démo de Manu, il est tellement intense et génial que nous l‘avons gardé !
(Emanuel McManus) cela vient sans doute du fait que ce morceau soit le seul à avoir été composé en répétition, du coup il a une vibe live avec ce solo de guitare.
Letting Go a déjà été vue plus de 5000 fois sur Youtube… Le clip m’évoque La Folie des Stranglers
(Igor) Oui en effet il fait l’unanimité, ce clip est absolument topissime, réalisé à Paris en plein mois de Janvier devant la BNF, Manu et moi en sommes très fier. La réalisatrice Jennifer Cotillard et son équipe nous ont bluffé avec cette virtuosité d’ images et ce montage d’orfèvrerie, nous avions eu des discussions sur une ambiance urbaine souhaitée, elle a de suite saisi et réussi son coup.
(Emanuel McManus) Les Stranglers merci pour cette comparaison ! On les aime !
Lors de votre showcase à Gibert, j’ai été très impressionné par votre matériel et la facilité avec laquelle vous parveniez à reproduire les arrangements du CD.
(Igor) Philippe Marie que nous apprécions nous a invité a faire ce Showcase pour la sortie de l ‘album. Du fait de la configuration du magasin, c’était trop compliqué de faire un vrai concert, nous avons donc décidé de jouer les titres au plus près de l’album avec quasi toute la production. La solution la plus efficace a été de tout mettre dans la boite, les batteries, les basses les arrangements et sound design pour ensuite jouer avec nos guitares, ce qui a été sacrement efficace en effet !
(Emanuel McManus) cela nous a permis de voir que les nouveaux titres passent super bien en live d’ailleurs l’accueil du publique fut chaleureux les gens sont rentrés dans notre truc, on l’a senti ce fut un plaisir réciproque !
J’ai cru comprendre que vous étiez fans de BD…
(Emanuel McManus) C’est vrai, Rock et BD sont intrinsèquement liés ! j’adore Hergé et pleins d’autres…
(Igor) Mon oncle est un grand collectionneur, j ‘ai baigné dans la BD, très jeune, et puis le rock et la BD c’est une famille commune, avec mes influences majeures, Moebius, Don Lawrence avec ces Storm, Trigan, Philippe Druillet, André Chéret et ces Rahan, les Tuniques bleues, les Marvel et même les bd pour adultes de Serpieri. Mais je ne suis pas un grands spécialiste, disons que j ‘ai survolé les grands maitres qui sont des valeurs sures…
Un dernier mot pour nos lecteurs ?
(Igor) Notre album vous emmènera sur les sentiers que vous avez déjà empruntés et qui restent intemporels et puis ce qui reste bon le reste pour toujours pas vrai ? Comme le privilège d’apparaître dans ce journal mythique qu’est Playboy
(Emanuel McManus) Allez découvrir notre nouvel album “4” et dites-nous vos impressions nous serions ravis de les découvrir. Il est disponible en vinyle et cd chez tous les bons disquaires et aussi sur toutes les plateformes.