Altamont par Herik Hanna et Charlie Adlard

Un article de Bruce TRINGALE

Alatamont est une histoire complète en 130 pages parue en 2023 chez Glénat en VF. Herik Hanna en est le scénariste et le célèbre Charlie Adlard, l’inoubliable illustrateur de The Walking Dead, la dessine.

Avec le meurtre de Sharon Tate par la famille Manson, Altamont équivaut à la chute du Paradis Perdu dans la religion rock ; ce moment où le Peace & Love de Woodstock fait place à l’horreur des illusions perdues : viols, effusions de sang, de sueur et boue. Des morts, de la violence et de la haine pour arracher les pétales du Flower Power.

Les faits sont connus : un public totalement défoncé, un festival mal organisé (comme tous les autres d’ailleurs, sauf qu’ici la chance finit par tourner), un service de sécurité assuré par des Hell’s hargneux et des morts en guise de grande finale pendant la prestation de Stones dépassés.

Un road movie hippie
©Image Comics / Glénat

Altamont propose de revisiter cette journée en enfer avant, pendant et 20 après, en guise d »épilogue. Le lecteur voyage dans le camping-car d’une bande de hippies aux parcours sensiblement différents.
Nous nous sentons immédiatement en territoire familier : Charlie Adlard n’ignore rien de la mythologie rock et le lecteur se rappellera que les premiers arcs de Walking Dead relataient à leur manière la vie en camping-car.
Son trait est toujours aussi agréable, bien moins gras que par le passé, tout en couleurs (chose rare pour un comics signé Adlard) et immédiatement adapté aux longues séquences de dialogues.

Le scénario propose quant à lui une histoire complète de ce qu’Altamont représente dans la vie de ces gamins. Hanna joue à cache-cache avec son lecteur : il faut attendre la moitié de l’album avant que la troupe n’arrive dans la vallée maudite.

Les Stones, si loin, si proches.
©Image Comics / Glénat



Le lecteur pourra en éprouver une certaine déception : les rendez-vous musicaux ne sont que vaguement évoqués (bien moins que le passé du héros fraichement revenu du Vietnam), les Stones n’apparaissant que le temps d’une séquence. Altamont est vécu de la fosse, de l’intérieur avec une démonstration implacable : la catastrophe n’est que la résultante d’une culture de la défonce, qui passé le charme de croire franchir les portes de la perception, donne lieu à des meurtres, des overdoses et à la culture junkie.

Autrement dit, la défonce sera au rock ce que la pomme aura été pour Adam et Eve : la transgression d’un fruit défendu qui accompagnera la chute d’illusions altruistes et pacifiques vers la violence du Punk.
Un rockumentaire malin mais amer.

Vous êtes si nombreux ce soir!
©Image Comics / Glénat