Au salon Art Basel, du 18 au 20 octobre au Grand Palais, on trouve surtout des artistes masculins — trop nombreux — à la créativité souvent émoussée… Heureusement, une femme relève le niveau ! Parmi les artistes qui ont retenu notre attention, Playboy vous propose de découvrir l’œuvre de la photographe Sophie Thun.
Les photographies de cette artiste germano-polonaise (présentée par la galerie viennoise Sophie Tappeiner) sont des œuvres multicouches, qui nous plongent dans un jeu de mise en abîme audacieux. Des photographies dans la photographie, entre lesquelles sont rendus visibles les mécanismes de la production photographique, et qui laissent apparaître les traces du corps de la photographe elle-même, en pleine production. Plus facile à faire qu’à dire !


Des tirages analogiques en noir et blanc, fixés au mur à l’aide d’aimants, proposent une vision recomposée de ses lieux de travail et d’exposition, qui font aussi partie intégrante de l’œuvre (une galerie qui accueillait les photographies de Sophie Thun apparaissait, par exemple, dans les œuvres même qui y étaient exposées). En superposant et entrelaçant l’espace et le temps, condensés visuellement sur la surface de l’image, l’artiste déconstruit le médium photographique pour nous offrir un regard novateur sur l’autoportrait. Car l’artiste est toujours présente dans ses œuvres, rencontrant notre regard en fixant l’objectif, ou laissant les traces blanches imprimées par son corps sur le négatif sensible.

La présence du corps de l’artiste ne se limite pas aux œuvres qui sont présentées : on le trouve aussi dans la scénographie même de l’exposition, où les cadres sont intégrés dans un décor composé de grands formats sur lesquels Sophie Thun apparaît nue, découpée et réarrangée comme pour jouir de sa liberté en échappant au dictat des regards extérieurs. Une réussite, à découvrir au secteur Emergence (K22) d’Art Basel ce week-end !

Dimitri Laurent