Vous en avez peut-être entendu parler, la série « Escort Boys » sortie sur Amazon Prime a fait grand bruit avec son sujet sulfureux et son casting sexy mais aussi prestigieux : quand on sait que celles qui incarnent les personnages féminins de premier plan, clientes notamment, sont Zahia, Carole Bouquet ou encore Kelly Rutherford, la mère de Serena dans « Gossip Girl », ça donne envie et ça rend jaloux ! Ce que vous n’avez peut-être pas su c’est que sous l’impulsion de la productrice Myriam Gharbi-de Vasselot, bientôt rejointe par la réalisatrice de documentaires Olivia Barlier, Amazon a accepté de doubler la mise en permettant à ces deux femmes de construire un documentaire en parallèle, pour aller plus loin, et retrouver dans le réel ce que la série traite en fiction. Elles ont enquêté sur la réalité du monde de l’escortisme masculin et sont parvenues à rencontrer travailleurs et clientes pour leur proposer, et les faire accepter, de témoigner. Cela donne un documentaire passionnant, libéré de toute idéologie à messages forcés, à l’esthétique léchée, avec des prises de paroles inédites, rares et fortes, qui nous permettent de pénétrer – sans mauvais jeu de mots – dans un monde fermé, fantasmagorique, mystérieux et encore extrêmement tabou. Pour leur rendre hommage et les aider à faire connaître leur travail, Playboy a décidé de leur donner la parole. Entretien !
Playboy France : Comment vous avez eu l’idée ? Est-ce la série qui a amené le documentaire ou le contraire ?
Myriam Gharbi-de Vasselot : L’idée était assez naturelle et organique à partir du moment où la série était vendue à Amazon (Escort Boys de Ruben Alves, une coproduction Oberkampf Productions et Story Nation Productions – Mediawan). La démarche de se renseigner, se documenter, sur les vrais escort boys hétérosexuels, je l’ai eue il y a quelques années déjà puisque la série est un format israélien (Johnny and the Knights of Galilee / Yes Studios) qu’on a adapté en France donc je m’interroge depuis longtemps sur comment rendre au mieux les anecdotes de la série originale en adaptation locale : comment être dans la vérité finalement. Au fil des années j’ai rencontré plusieurs escort boys, entre 20 et 40 ans, et j’ai été vraiment très étonnée de leurs parcours, de la variété de leurs clientes, que ce soit en termes d’âge, de classes sociales : ça m’a cueillie ! Surtout, ce qui ressortait de ces entretiens, c’était la sincérité de ces garçons, leur bienveillance, leur soin envers les femmes, et beaucoup de respect. Ce n’était pas du tout l’image que je me faisais de ce métier. Ces entretiens à l’époque ont été retranscrits et je les ai donnés aux auteurs de la série qui ont pu s’en servir pour nourrir la fiction. Une fois la série en production, je n’ai jamais oublié ces hommes et je me suis dit que nous pouvions réitérer le modèle plateforme où on trouve à disposition des séries sur des faits divers avec en parallèle le documentaire sur la vraie affaire. Et proposer ainsi la série Escort Boys et le documentaire sur les vrais escorts, deux œuvres distinctes mais complémentaires. Venant du monde de la fiction, j’ai tout de suite pensé à Olivia en professionnelle aguerrie au documentaire.
Olivia Barlier : C’était il y a bien 3 ou 4 ans maintenant que Myriam m’a appelée pour me dire qu’il y avait un documentaire, à faire en plus de la série, qui serait dingue. Ensuite on a attendu que la série soit bien enclenchée pour aborder cette idée avec Amazon. Et ils ont tout de suite aimé l’idée.
Playboy France : Vous avez tout de suite eu envie de le faire ?
Olivia Barlier : Quand Myriam m’en a parlé, elle m’a envoyé les fiches, j’ai également rencontré trois escort boys, et j’ai immédiatement pensé qu’il y avait là un sujet incroyable. Je n’y connaissais rien du tout, c’était comme découvrir une facette insoupçonnée de notre société.
Playboy France : Et dans l’autre sens : Amazon a mordu directement ?
Myriam Gharbi-de Vasselot : Oui, tout de suite ! Alors, évidemment ils étaient séduits par l’idée mais encore fallait-il leur proposer une vision d’auteur.
Olivia Barlier : On avait en plus pas mal d’enjeux liés au « secret » qui accompagne cette activité… Et pour commencer, il fallait trouver les escorts qui accepteraient.
Playboy France : Absolument. Comment avez-vous fait pour les rencontrer puis leur faire accepter d’être sur Amazon ?
Olivia Barlier : Eh bien en fait je me demande si ce n’était pas plus simple de les convaincre parce que c’était Amazon ! Je pense que ça aurait été plus compliqué si on avait dit que c’était pour la télévision. Peut-être qu’ils ont pensé que d’une certaine façon le documentaire serait moins accessible et plus protégé. Quant à la prise de contact : certains connaissaient déjà Myriam et pour les autres nous avons simplement épluché les annonces sur Internet, puis on a envoyé des messages, on les a appelés, mais c’était un sacré travail de ne pas leur faire peur tout de suite…
Playboy France : Vous avez eu beaucoup d’échecs ?
Olivia Barlier : Oui, énormément ! D’ailleurs j’ai découvert qu’il y avait beaucoup d’escort boys en France ! Je ne m’attendais vraiment pas à en trouver autant. Et heureusement parce que sinon je ne sais pas comment on aurait fait.
Playboy France : Vous avez quand même eu le luxe de les choisir ?
Olivia Barlier : Oui ! Et ce n’était vraiment pas évident de les départager… Ceci dit, certains ont été plus difficiles que d’autres à convaincre, je pense à Charles notamment. Mais finalement, je suis contente du casting parce qu’ils apportent tous tellement quelque chose de particulier. Sebastian, l’anglais, m’a beaucoup touchée car il a une approche de son travail qui est très marginale des autres, il travaille avec des sexologues, se concentre sur l’aspect thérapeutique, et c’était à la fois surprenant et important de récolter cette parole. Dario, le séducteur sensible, qui a beaucoup de recul et de réflexion sur ce qu’il fait, a apporté énormément d’anecdotes. Charles qui fait ça depuis 20 ans et qui voit 5 femmes par semaine… Matt qui nous raconte les aspects un peu plus négatifs de ce métier… Et Vincent, que j’oublie alors qu’il prend le plus de place dans le montage final, a un discours super affirmé, tout semble facile pour lui, il ne prend pas de détour, et en plus il est le seul français à le faire à visage découvert. Ils sont tous importants.
Playboy France : J’ai lu que l’équipe du documentaire était 100% féminine. Est-ce vrai ? Est-ce volontaire et si oui pourquoi ?
Myriam : C’est venu dès le début. Lors de l’une des premières réunions de production, nous étions quatre femmes, Olivia à la réalisation, moi à la production déléguée, Élodie à la prod exé (Imagissime – Mediawan) et Astrid en tant que directrice de production, ce qui est assez rare. C’est Élodie qui a lancé l’idée ! On voulait que tous les postes soient féminins et que les seuls mecs soient les escorts. Ce n’était pas évident car certains postes très techniques sont traditionnellement assez masculins : la lumière, la régie, la machinerie, le son…
Playboy France : De loin, on pourrait croire qu’il y a une portée militante ou féministe. Avez-vous l’impression d’être raccord avec le féminisme contemporain qu’on voit le plus, ou à rebours ? Comment vous vous placez sur cette question ? Si je pose la question, c’est aussi parce que j’ai trouvé le discours du documentaire un peu décalé.
Olivia Barlier : Je ne dirais pas que j’ai essayé de traiter le film avec un regard féministe. C’était pas ça l’intention. L’envie était simplement de comprendre comment et pourquoi ces hommes font ça. Ce n’est quand même pas tous les jours qu’on rencontre des hommes qui se consacrent au plaisir féminin. Et c’est ça qui m’a intéressée. Après, évidemment, si un homme avait réalisé ce film, il n’aurait peut-être pas abordé le sujet de la même manière…
Playboy France : Ce que j’ai trouvé appréciable c’est que vous n’avez pas essayé de faire croire absolument, comme le féminisme le voudrait, que les femmes clientes consommaient les services de ces escorts de la même manière, symétrique, que les hommes. Il y avait aussi le côté plus psychologique, le discours sur les traumas… Ça, je pense que des féministes vous diraient que ce n’est pas très féministe !
Olivia Barlier : Ah, en effet, je n’avais pas forcément vu ça ainsi. Peut-être. Mais ça ouvrirait un débat. Je n’ai fait que retranscrire ce qu’ils m’ont dit ! Je n’ai rien transformé. Certaines clientes veulent du sexe hard, de la performance… D’autres vont chercher toute une expérience, un date, un moment “amoureux”. Et ce n’est pas parce qu’une cliente cherche un type d’expérience un jour, qu’elle cherche la même le lendemain. Je n’arrive jamais à savoir si c’est hors-sujet ou pas, si c’est féministe ou pas, mais j’ai toujours trouvé qu’il y avait dans le rapport hétérosexuel quelque chose d’asymétrique par nature. Dans l’aspect physiologique de la pénétration, l’homme pénètre et la femme se fait pénétrer. Donc ça ne me gêne pas de me dire qu’on ne vit pas le rapport de la même manière et que par extension, on ne cherche pas forcément la même chose.
Playboy France : À qui le dites-vous !
Myriam Gharbi-de Vasselot : On a été très heureuses de pouvoir convaincre également Yasmine et Aline, les clientes, de participer. C’était très compliqué ! Elles ne sont pas sur Internet et les escorts ne donnent pas les numéros de leurs clientes. Là, nous avons eu moins de choix, alors que les clientes sont très variées. On s’inscrit dans le temps de production de ce documentaire aussi, donc on a fait au mieux dans les délais. Le doc devait sortir juste après la mise en ligne de la série.
Playboy France : J’ai fait voir le documentaire à une fille qui à é été escort dans sa vie et qui connait donc la pratique dans l’autre sens. Elle considérait qu’on pourrait vous reprocher, que ce soit au niveau de la réalisation voire du message, d’avoir esthétisé voire romantisé le sujet, avec des escorts sauveurs, des clientes ravies… Vous trouvez ce reproche juste ?
Olivia Barlier : Oui, je comprends ce reproche, après j’ai aussi envie de dire que ce sont les histoires qu’on nous a racontées. Nous n’avons pas eu de clientes avec des expériences désastreuses, par exemple. Ça ne veut pas dire qu’elles n’existent pas ou qu’on a voulu gommer cet aspect mais ce n’est pas ressorti des témoignages récoltés. Cependant, un des hommes explique qu’il faut que les femmes fassent quand même attention à ne pas choisir n’importe qui. Mais sur ce point, j’y pense, un escort qui n’a pas accepté de participer au reportage m’avait dit qu’une de ses clientes était elle-même escort. C’est amusant !
Playboy France : Mais quid du cadre ? Des décors ? Ils font un peu tamisés, pop, cools…
Olivia Barlier : Oui c’est vrai. Ça nous amusait de jouer avec les codes du fantasme de l’escort. Et les anonymes sont en studio et les autres sont dans des lieux qui leur correspondaient, un peu nocturnes…
Playboy France : Ils ont l’air de n’avoir jamais eu de mauvaises sessions !
Myriam Gharbi-de Vasselot : Il n’y a pas énormément d’anecdotes négatives également parce que les escort boys qu’on a vus se refusaient à donner une mauvaise image de la femme. Mais certains ont bien sûr eu des expériences ou des séances qui se sont plus mal passées. C’est arrivé.
Olivia Barlier : Certains le disent un peu quand même !
Playboy France : Très bien… Je pense également à Charles, qui est celui qui m’a le plus fait cet effet, il y a quand même un côté où il nous fait totalement oublier le côté tarifé, et on a l’impression d’être en face du mec de 50 shades of grey, cette série qui a eu beaucoup de succès auprès des femmes… Le masseur c’est un peu ça aussi… On a l’impression qu’ils sont tous beaux, sûrs d’eux…
Olivia Barlier : Alors qu’ils ne le sont pas forcément tous ! Oui, ils sont charmants. Ceux qui arrivent à faire ça durablement, régulièrement, voire en font leur métier, sont très bons. Ce sont des séducteurs, ils savent trouver les bons mots. Ils l’étaient même avec nous, d’ailleurs !
Playboy France : Quel est votre point de vue par rapport à l’idée surprenante pour la société qu’une femme puisse vouloir payer pour accéder au sexe alors qu’on considère qu’elles pourraient y avoir accès gratuitement ?
Olivia Barlier : J’ai l’impression qu’on y répond dans le documentaire : oui, elles peuvent l’avoir, mais sous quelle forme ?
Myriam Gharbi-de Vasselot : C’est une question de garantie de bonne fin ! C’est la promesse d’un escort boy qui peut plaire : la cliente a quand même la garantie qu’elle va passer une bonne soirée qui correspondra à ce qu’elle veut, avec une forme de sincérité malgré tout dans les rapports. En tout cas, c’est un moment à elles, précieux, alors que si on se dit qu’on va sortir dans un bar, draguer, on ne sait pas sur qui on peut tomber, pour les femmes ça peut être assez stressant avec la question de la sécurité, de l’attachement… Une femme mariée peut aussi vouloir de la discrétion ! Et sans parler des mauvaises expériences.
Olivia Barlier : Oui ! C’est la garantie aussi que c’est son plaisir à elle qui sera mis en avant.
Playboy France : Si je comprends bien, les hommes font appel à des escort par défaut, parce qu’ils n’ont pas accès aux femmes, alors que les femmes font appel aux hommes parce qu’ils sont trop nuls…
Myriam Gharbi-de Vasselot et Olivia Barlier : (rires) C’est un peu ça ! On a toutes eu des expériences de mecs nazes… Et il y a aussi l’invisibilisation de la femme de plus de 50 ans qui ne trouve plus chaussure à son pied sur le marché… Ce sont des femmes qui peuvent ne pas oser se lancer, qui n’ont plus confiance… On rentre alors dans une démarche de revalorisation de soi grâce à un escort. Elles peuvent ne pas avoir fait l’amour depuis très longtemps et être sorties du cercle de la séduction. Il y a tous ces cas de figure.
Playboy France : Il y a aussi cette femme asiatique, chauve, atteinte d’un cancer, qui livre un témoignage fort !
Olivia Barlier : Dès qu’il y a un rapport au corps, sous toutes les formes, il peut y avoir ce besoin d’être rassurée… Toutes les raisons sont valables.
Playboy France : Autre chose qui est très présent : chez tous ces hommes on retrouve le côté développement personnel, coach de vie… Alors que chez les escort femmes, c’est moins ça, et c’est plus assumé que c’est un métier, que c’est pour l’argent… Les hommes le cachent plus ou bien ils se présentent plus comme des sauveurs.
Olivia Barlier : C’est vrai ! Il y a un énorme tabou autour des escort boys. Et même s’ils sont fiers de ce qu’ils font et que les clientes sont fières d’avoir sauté le pas, ils redoutent tous le regard et les préjugés… Mais derrière ce secret il y a aussi l’idée que dans le packaging c’est plus séduisant pour les clientes que ce soit présenté ainsi.
Myriam Gharbi-de Vasselot : Vincent l’assume au grand jour quand même, il en parle comme d’un métier et un business qu’il trouve plus confortable qu’un travail de bureau, pour dire vite. Mais c’est vrai que sur la question de l’argent et des tarifs, Olivia posait la question systématiquement, et ils noyaient tous le poisson. Pour des raisons qui s’entendent, c’est qu’assumer un tarif unique alors qu’ils ont tous types de clientes, habituées, régulières ou nouvelles, c’est délicat.
Playboy France : Le personnage du masseur brésilien est aussi très intéressant. Vous n’avez pas trouvé de profil similaire en France ?
Olivia Barlier : En effet, nous n’avons pas trouvé d’équivalent à Rubens en France. Quoique Vincent était masseur avant et il a bifurqué vers ça… Mais ce n’est pas du tout la même intention, en effet. Vincent est devenu escort quand ses clientes le lui ont demandé alors que Rubens était d’office intéressé par le plaisir féminin, etc., et c’est le massage plus érotique qui s’est imposé.
Playboy France : Vincent dit quelque chose d’intéressant : contrairement à la prostitution féminine, c’est quelque chose qui ne peut exister qu’à Paris ou dans les grandes villes ?
Olivia Barlier : Alors ça c’est ce qu’il dit… Moi, j’ai vu des annonces partout. C’est peut-être plus simple dans les grandes villes, mais ça existe partout.
Myriam Gharbi-de Vasselot : Dans la Creuse, l’escort boy ne fera pas fortune !
Playboy France : Ça m’intéresserait d’avoir votre avis à vous, de femmes, puisque vous étiez en plus une équipe 100% féminine : est-ce un univers auquel vous pensiez ? Vos amies ont-elles déjà songé à faire appel à ces services ? Est-ce répandu au moins dans l’esprit féminin ?
Myriam Gharbi-de Vasselot : Non, ça ne l’est pas, je ne pense pas. Dans toute l’équipe – aussi bien en série qu’en documentaire – on en a parlé plutôt amusées, étonnées, en questionnement… On se demandait : « tu pourrais le faire ? ».
Playboy France : Et alors ?
Myriam Gharbi-de Vasselot et Olivia Barlier : (rires)
Playboy France : Les escort boys prétendent que l’âge de leurs clientes peut varier drastiquement. Est-ce qu’il y a vraiment des jeunes femmes de 18 ou 25 ans ?
Olivia Barlier : D’après ce qu’ils disent, il y en a pas mal. Je me demande si ce n’est pas plus normalisé chez les jeunes, comme si elles cherchaient la découverte… J’ai cette impression ! Par exemple, chez les hommes aujourd’hui plus âgés, il y avait comme un rite de passage d’un jour avoir une relation tarifée avec une femme. J’en connais beaucoup. Est-ce que les jeunes femmes reproduisent un peu ce schéma ? Je l’ignore…
Myriam Gharbi-de Vasselot : Il y a tellement de cas de figures… Il y a aussi des jeunes femmes qui veulent être initiées ! Des jeunes femmes aussi qui considèrent qu’être vierges à 25 ou 27 ans, c’est un problème, qui en font une obsession. Il y a aussi les ravages du porno sur les jeunes, y compris sur les femmes.
Olivia Barlier : Et puis des histoires de traumas aussi ! Ou le vaginisme par exemple ! C’est ça que j’ai trouvé passionnant dans ces interviews, c’est que c’est vraiment tous les âges, pour tous les types de femmes, pour tous les types de demandes. On ne peut pas faire de grandes généralités. Il n’y a que des cas particuliers.
Playboy France : Ce qui est amusant c’est qu’à la sortie du documentaire, on a le sentiment que les escort boys considèrent quasiment que cela devrait être remboursé par la sécu !
Myriam Gharbi-de Vasselot : En effet, Dario le dit par exemple. Il considère faire du bien aux femmes et à la société.
Playboy France : On ressent aussi beaucoup d’indépendance chez eux. Il n’est jamais évoqué le moindre trouble de hiérarchie, de soumission à un mac’ ou à un réseau…
Olivia Barlier : Absolument. C’est pour ça qu’il y a prostitution et prostitution… Moi je pense qu’à partir du moment où ils le font volontairement et de manière éclairée, alors où est le mal ?
Myriam Gharbi-de Vasselot : En ce qui concerne les escort boys hétéros, ce qui reste une niche, nous n’avons jamais entendu parler du moindre réseau. En Angleterre, il y a des agences. Rubens est en agence par exemple, et il adore car quelqu’un s’occupe de tout !
Playboy France : C’est très connu au Japon aussi, on appelle ça les Host ! Mais d’ailleurs, dans ce rôle d’accompagnateur, de confident, d’expert presque, auprès de femmes parfois fragilisées, on pourrait craindre que cela se retourne contre eux avec des femmes qui s’attachent, qui harcèlent…
Olivia Barlier : Charles explique que le cadre est important. Notamment l’argent et les règles qui imposent une distance. Certains comme Matt sont plus border… Lui par exemple s’est perdu dans ce jeu. Certains expliquent aussi qu’ils évitent les situations romantiques : les dîners, les cinémas… Mais je pense qu’ils ne sont jamais à l’abri de cela. Il est d’ailleurs arrivé à Charles de devoir mettre des barrières pour le bien de sa cliente.
Playboy France : Moi j’ai beaucoup de témoignages de femmes escorts qui racontent que beaucoup de leurs clients, même quand elles se comportent uniquement avec professionnalisme, finissent par tomber amoureux.
Olivia Barlier : Oui, ça peut arriver.
Playboy France : Est-ce que les escorts prennent des substances pour améliorer leur vigueur ou leur performance ?
Olivia Barlier : C’est une question que j’ai posée à tous. Il n’y a que Matt qui m’a dit qu’il en prenait de temps en temps pour combler l’éventuel manque d’attirance. Mais ils disent quasiment tous qu’ils arrivent à trouver une raison d’être excités pour avoir une érection. Ça reste un petit mystère.
Playboy France : Est-ce que certains ont une vie de couple à côté ou ils sont tous célibataires et c’est incompatible ?
Olivia Barlier : Alors, Rubens est en couple dorénavant. Pas à l’époque. Dario a une vie de famille mais est divorcé, il a été en couple plusieurs fois en même temps qu’il pratiquait cette activité, ce qui a posé problème. Charles, on ne sait pas, il est très secret. Vincent est en couple, et il l’a toujours été. Il en parle facilement, même à sa famille, c’est un cas rare. Sebastian est célibataire et Matt a été en couple depuis mais il a énormément de mal à refaire confiance aux femmes. Il a perdu beaucoup d’illusions en voyant des femmes mariées, etc. Mais en France beaucoup vivent dans le secret. En double-vie parfois.
Playboy France : Justement, aucun n’a dit que cela avait changé leur rapport et aux femmes, et à la sexualité ?
Myriam Gharbi-de Vasselot : Matt, oui. Il s’en est rendu compte trop tard. Mais ils ne sont pas devenus méprisants envers les femmes. Ils ont l’air sincèrement plutôt touchés. Alors que chez les femmes escorts on voit en effet souvent autre chose. On ne veut pas glamouriser la prostitution mais simplement rendre compte des propos de personnes authentiques et concernées. Et in fine, ma plus grande satisfaction c’est que les témoins du docu sont heureux d’y avoir participé et ont l’impression d’avoir pu s’exprimer et aider ainsi certaines personnes.
Olivia Barlier : Le rendu du documentaire est ce qu’il est mais il est sincère !
Photos de Myriam et Olivia : Flow Floo
Photos du documentaire : Productions Oberkampf et Camille Gharbi