Interpellés en ligne par l’existence d’abord et la musique ensuite de Pythies, un groupe de rock exclusivement féminin, jeune et français, nous avons eu envie d’en savoir plus ! Et quand nous avons pu interroger Lise.L, leadeuse de la bande, également modèle, nous avons sauté sur l’occasion. Entretien :
Playboy France : Si tu devais parler de toi à quelqu’un qui ne te connaît, qu’est-ce que tu lui dirais pour qu’il parvienne à te comprendre le mieux possible ?
Lise.L : Je lui dirai qu’il faut me rencontrer pour me connaître parce que même les gens qui me fréquentent ne me connaissent pas vraiment, et que je suis scorpion ascendant cancer lune en vierge, dragon signe chinois.
Tu fais donc partie d’un groupe, « Pythies », qui joue en ce moment à Paris et qui est une formation féminine. Pourquoi ce choix de former un groupe uniquement composé de filles ?
Alors on joue surtout ailleurs qu’à Paris en ce moment, on a un tourneur (les tontons tourneurs) qui nous fait pas mal voyager haha, là on va jouer en festivals pour l’été et en aöut on part jouer à Londres et Brighton. J’ai été dans un groupe où j’étais la seule femme et même si c’était une bonne expérience, c’est beaucoup plus agréable de pouvoir passer son temps et son travail avec des gens qui subissent et vivent les mêmes choses. Et j’apprécie beaucoup le côté sororité et clan de sorcière que peut apporter un groupe de trois femmes, je pense qu’il y’a assez d’hommes dans la musique et qu’il faut laisser la place aux femmes, et j’aimerai que ça ne devienne plus un sujet aussi et que ce soit juste normal. Aussi, être avec des femmes, c’est avoir une énorme charge mentale en moins, parce qu’on se comprends.
Quel est ton rôle exact dans le processus de création musical du groupe ? Je sais que tu chantes, que tu joues de la basse, mais est-ce que tu composes et si oui comment, sur quel instrument ? Écris-tu aussi les paroles ?
Je compose et j’écris l’ensemble des morceaux de Pythies. Je compose tout à la basse, et il n’y a pas vraiment de processus, c’est plus comme une espèce de flash tout d’un coup, c’est très spirituelle, mais ça arrive comme ça et paf j’ai une chanson. Je ne me suis jamais posée en me disant, ah tiens je vais écrire, c’est beaucoup plus instinctif.
Je vais te poser la question chiante : songes-tu parfois, pour des raisons artistiques, stratégiques, commerciales, peu importe, à écrire et chanter en français ?
Je trouve que l’anglais est un choix justement beaucoup plus stratégique pour le groupe et la musique que l’on fait, le grunge vient des US donc ça fait plus sens de chanter en anglais, et d’ailleurs on fait une tournée aux Etats Unis à l’automne. Et je ne suis pas à l’aise avec le fait d’écrire et de chanter en français, je l’ai fait mais ce n’est pas mon truc. J’adore l’anglais et la culture anglophone, la moitié de mes amis sont d’ailleurs anglais ou américains, et même au niveau linguistique, l’anglais c’est une langue qui est déjà accentuée dans sa prononciation, alors que le français non, c’est très plat, et c’est notre propre ton et humeur qui y met du relief.
Tu fais aussi d’autres choses à côté et tu sembles notamment avoir un goût pour la photographie, en tous les cas devant l’objectif. Être modèle c’est quelque chose que tu aimes ?
Je suis modèle photo depuis toute petite, j’étais dans une agence de pub plus jeune. Je suis carrément égocentrique mais ce n’est pas une mauvaise chose, il y a une différence entre être narcissique et égoïste, et je sais que je suis dans le partage à fond. J’aime aussi la partie comédie d’un shooting photo : jouer des personnages, une époque, un thème, je trouve ça fascinant. Et j’adore la photographie en tant qu’art à part entière, j’en fais un peu aussi de mon côté. Et être musicienne et modèle photo c’est pas si éloignée que ça, savoir prendre la pose aide mon jeu de scène et mon jeu de scène m’aide à poser.
Tu préfères le studio ou la scène et pourquoi ?
Je ne sais pas si je pourrai faire un choix entre les deux. J’aime de plus en plus la scène, j’adore pouvoir mener le public où je veux, et la sensation qu’un concert me procure, c’est comme des montagnes russes, dès que ça s’arrête on veut recommencer. Mais le studio, c’est vraiment spécial, c’est très intime, et je suis très intéressée par le côté production. Il suffit parfois d’un rien, d’un petit détail, pour rendre un morceau très spécial. Et j’adore enregistrer des voix en studio.
Vous avez sorti plusieurs singles, réalisé des clips, vous jouez, etc., quel est l’horizon : un album à venir ?
Nous venons de sortir un nouveau single avec qu’un clip le 20 juin dernier, et nous sortons un EP le 20 septembre prochain.
As-tu des inspirations ou des modèles qui te sont particulièrement précieux, en musique ou ailleurs ?
Je n’ai jamais vraiment eu de modèles. Il y a des femmes que je respecte beaucoup, comme Kim Gordon, PJ Harvey ou Courtney Love, mais je n’ai jamais voulu ressembler à quelqu’un.
Comment expliques-tu que si jeune, tu aies choisi la voie du rock, cette musique que tant disent être morte depuis des années ? Penses-tu que le rock a un avenir et si oui comment l’imagines-tu ? Et toi dedans, tu vois ton propre avenir comment ?
Je ne suis pas sûre que le rock soit vraiment mort, en France c’est sûr qu’on est toujours à l’ouest mais j’ai plutôt l’impression que c’est un mouvement qui revient à la mode. Quand j’étais ado j’étais super goth, j’ai grandi avec Depeche Mode et la cold wave française. Mais quand on voit à quel point le mouvement indie sleaze revient en force, je ne me fais pas trop de soucis pour le rock et ce qui s’ensuit. Mais faut pas s’enfermer dans une catégorie, j’aime autant Britney que Massive Attack.
Est-ce que tu as des secrets ou bien d’autres projets dont tu aimerais parler ?
Non, mais avec Pythies donc on fait une tournée sur la côte ouest des US de fin octobre à mi novembre 2024. Et juste avant on fera notre release party, à Paris.
Photos : Oedeme, Nicolas EMG et Orane Auvray.