Joyeux anniversaire ! Qui se souvient de Frances Farmer, suicidée de la société à qui Mylène (Farmer) doit son nom de scène ? Actrice prometteuse des années 40, partenaire à l’écran de Cary Grant et dirigée sur les planches de Broadway par Elia Kazan, celle qu’on surnommait la nouvelle Greta Garbo aura vu sa carrière et sa vie sacrifiées par un entourage incapable de comprendre et d’accepter ses « troubles mentaux ». Direction l’hôpital psychiatrique ! C’est toujours plus simple de se débarrasser de quelqu’un dont le comportement semble anormal. Tout ça parce que Frances préférait conduire bourrée, en pleins phares, et insulter les flics qui lui demandaient pourquoi, plutôt que de se rendre à des sauteries hollywoodiennes. Une actrice hollywoodienne, ce n’est pas ça ! Frances s’est rendue coupable d’être une « déviante » et s’en est retrouvée trahie par sa mère, son compagnon et la société en général. Malheureusement, personne ne lui avait remis le mode d’emploi… Dans l’aile sordide d’une « maison de santé », droguée et violée par le personnel, on tenterait de lui faire comprendre que dans la vie, il y avait des règles et des conventions sociales et qu’on ne plaisantait pas avec ça. Rossellini en montrerait toute l’absurdité avec Europe 51, en 1952, dans lequel Ingrid Bergman est rejetée et jetée à l’HP pour don de soi excessif. Entre injections d’insuline suffisamment élevées pour plonger la « patiente » dans le coma plusieurs fois par jour et suggestions de lobotomie, la pauvre Frances n’aura jamais réellement pu prendre sa revanche sur Seattle – où elle est née un 19 septembre et où elle a fini par retourner, pour travailler en tant que femme de chambre à l’Olympic Hotel –, comme l’espérait Kurt Cobain dans sa chanson « Frances Farmer will have her revenge on Seattle ».

J. V.