En 1954, lorsque John Cassavetes arrive au volant de la vieille Oldmobile de sa mère devant chez Gena Rowlands, pour leur premier « date », la trajectoire du cinéma est sur le point de changer. Cassavetes, lui, ne sait pas bien où il va. Le futur couple roule sans but pendant une heure, jusqu’à se retrouver au fin fond du New Jersey, sur le parking d’un bar miteux, en bordure de route, comme on en voit justement dans les films américains. Le futur réalisateur d’Une femme sous influence offre alors un verre à celle qui sera bientôt son amoureuse, femme et enfin partenaire à l’écran (dans cet ordre), puis l’entretient de son sujet préféré : son chien Harry. Le rendez-vous se passe et John ramène Gena à la maison. Monsieur tente de l’embrasser sur le pas de la porte. Pas convaincue par la soirée, elle lui demande si c’est une petite farce. Ils n’ont rien en commun, c’est évident, sinon il lui aurait parlé d’autre chose que de son clebs. Gena voulait du théâtre et de la littérature ! Eh bien, c’est du cinéma qu’elle aura, indépendant et incandescent. Gena Rowlands s’est éteinte à l’âge de 94 ans.
J. V.