1969 toujours… Décidément, quel été meurtrier, qui vient clôturer dans le sang une décennie d’innocence, de choses « cool » et de Flower power. Aujourd’hui, 9 août, c’est Charles Manson qui fait des siennes. Des membres de sa « Famille » grimpent jusqu’à Cielo Drive, sur les hauteurs de Los Angeles, pour s’en prendre, par hasard, à Sharon Tate, alors femme de Roman Polanski, dans un déchaînement de fureur que portera (très mal) à l’écran Tarantino dans Once upon a time… in Hollywood. C’est précisément Terry Melcher, producteur de disques et ancien maître des lieux, que Manson visait, par locataires interposés, pour se venger de lui avoir renvoyé ses démos à la gueule et refusé de le signer sur son label. Eh oui, avant de se reconvertir en gourou assoiffé de sang, de reconnaissance mal placée et de groupies, Charles Manson voulait être star du rock, ce qui est un peu pareil. Dans son esprit paranoïaque, cette maison à jamais hantée représentait à elle seule le royaume hollywoodien dont on refusait de lui remettre les clés, sorte de château kafkaïen inaccessible, aux fenêtres découpées en petits carreaux, grandes ouvertes sur un soleil californien venant, chaque matin, illuminer de gloire le front doré et auréolé de bandeaux à fleurs de la sublime Sharon, dont les quinze minutes de gloire étaient loin d’être échues. En 1967, Playboy lui consacrait une double page en prédisant l’émergence d’une icône (This is the year Sharon Tate happens). Deux ans plus tard, elle le deviendrait, pour l’éternité, sacrifiée sur l’autel de la jalousie, en ricochets du destin.
J. V.